Pour vous renseigner sur la filière textile du lin en général, rendez-vous sur le site de l’Alliance for European Flax-Linen and Hemp.
Valorisation économique du lin textile Bio : Une certaine disparité
L’expérience accumulée depuis une dizaine d’années a montré des rendements en paille (3,5 à 8 t/ha) et en taux de filasse (15 à 30 %) similaires entre les agriculteurs bio et conventionnels d’un même terroir. (rappel : le rendement céréales en bio correspond à 50 à 60% du rendement céréales en conventionnel). A qualité équivalente, le prix payé à l’agriculteur pour la filasse de lin bio est supérieur d’environ 0,5€ à 1€/kg de filasse, voire +30% par rapport au prix du lin conventionnel dans le meilleur des cas. Mais il y a une grande disparité de traitement selon les teilleurs.
Certains teillages ont observé un risque supérieur de déclassement de la qualité des filasses bio en raison d’un plus grand salissement des cultures, venant légèrement diminuer l’avantage économique du bio, tandis que d’autres ont au contraire observé des résultats qualitatifs et quantitatifs parfaitement identiques entre bio et conventionnel, notamment en raison d’une facilité de rouissage liée à l’absence d’application de fongicides sur la plante.
Les étoupes de lin bio sont généralement moins bien valorisées qu’en conventionnel en raison d’un plus fort salissement. En revanche, les graines de lin bio, destinées à l’alimentation humaine, sont beaucoup mieux valorisées qu’en conventionnel, ce qui peut contribuer à améliorer significativement la marge, surtout lorsqu’on peut maximiser la récolte de graines en écapsulant au champ. Les rendements graine en conduite bio sont de l’ordre de 150 à 450 kg/ha, en fonction des conditions de l’année et de l’écapsulage (au teillage ou au champ). Toutefois, le manque de disponibilité du matériel d’écapsulage ne permet pas la récolte de graines au champ, chaque année.
La traçabilité : les labels bio et GOTS
La réglementation européenne de l’agriculture biologique couvre les produits agricoles destinés à l’alimentation humaine mais ne définit pas les règles de transformation en textiles.
En l’absence de réglementation publique et pour conserver la traçabilité biologique sur l’ensemble de la filière textile, il existe différentes marques et démarches privées aux exigences spécifiques.
Le cahier des charges GOTS (Global Organic Textile Standard) permet de certifier un tissu biologique issu de la fibre de lin biologique, depuis les matières premières jusqu’au produit fini. Il concerne aussi les autres fibres textiles pouvant être produites en agriculture biologique (chanvre, coton, laines…).
Au préalable, la culture du lin doit être certifiée en agriculture biologique suivant le cahier des charges européen (Règlement (CE) N°834/2007).
L’ensemble des étapes de transformation sont régies par le référentiel GOTS, qui intègre aussi des critères de responsabilité environnementale et sociale. Il encadre l’étiquetage des produits afin de garantir la traçabilité pour les professionnels et les consommateurs. Chaque entreprise intervenant dans la filière se doit d’être contrôlée par un organisme certificateur indépendant. En France, l’organisme ECOCERT délivre la certification GOTS, treize autres organismes le font à travers le monde.
Labels GOTS des produits finis :
Le Label « Textiles Biologiques » impose que le textile intègre au moins 95% de fibres issues de l’agriculture biologique et au maximum 5% de fibres synthétiques ou artificielles.
Le Label « Textiles à base de fibres biologiques » impose un minimum de 70% de fibres biologiques, et n’autorise pas plus de 10% de fibres synthétiques ou artificielles, jusqu’à 25% pour les articles chaussants ou de sport.
plus d’infos :
http://www.global-standard.org/
Teillage : obtenir de la filasse bio de qualité
De plus en plus d’unités de teillage sont certifiées GOTS pour teiller la paille de lin biologique et fournir de la filasse (fibres longues teillées) ou du ruban (filasse peignée) de lin bio aux peignages et filatures.
Les teillages certifiés en France sont :
- Terre De Lin (27-76-80)
- ETS DEVOGELE (77)
- S.C.A Teillage du Plateau du Neubourg (27)
- Le Vert Galant (76)
- Opalin (62)
- CALIRA (80)
- La Linière du Nord de Caen (14)
- Depestele (14)
- Le Lin Français (02)
- L.A Linière (59)
- SCA Lin 2000 (60)
Toutefois, même non certifiés, des teilleurs réceptionnent le lin de producteurs en agriculture biologique et le font teiller sur des unités de teillage certifiées.
Des certifications GOTS sont prévues en 2024 pour plusieurs teillages, en Normandie et dans les Hauts-de-France.
Filature : peigner, mélanger, étirer et tordre les filasses pour obtenir un fil
La filature des fibres longues du lin utilise un procédé spécifique dit « au mouillé » très différent des filatures de laine, de coton ou de fibres synthétiques.
Début 2018, 2 filatures de lin européennes (procédé « au mouillé » spécifique au lin), sont certifiées GOTS pour filer les lins biologiques cultivés en France :
Relocalisation de la filière textile
En 2019, des acteurs de la filière ont lancé le projet LinPossible dans l’objectif de relocaliser un outil de filature du lin en France. Les initiateurs de ce projet sont : Terre de lin, Safilin, les confectionneurs Dao Davy, LinPortant et les marques 1083 et Splice ainsi que l’association Lin et Chanvre Bio. Comment fonctionne le projet ?
Début 2020, Christian Didier et Pierre Schmitt dirigeants du tissage Emanuel Lang, mettent en route une filature de lin selon le procédé « à sec » en Alsace. Cette étape de relocalisation est très encourageante pour la filière. En savoir plus
En même temps à l’ouest, en Normandie, est créée la Société Coopérative d’Intérêt Collectif LINPORTANT, unité industrielle de tricotage de T-shirts en lin bio, près de Caen. Le vêtement en lin bio, éthique et local !
L’année 2022 a vu l’ouverture de deux filatures en France : La French Filature (27), du groupe Nat’Up et celle de l’entreprise SAFILIN à Béthune (59).
Un projet de filature, LINfini, est également en gestation en Bretagne. Ouverture prévue en 2024 !